- OPHITES
- OPHITESOPHITESGroupe qui constituait, dans l’Empire romain, au IIe siècle de l’ère chrétienne, une secte gnostique sur laquelle Irénée de Lyon (IIe s.), l’auteur des Philosophoumena (IIIe s.) et Épiphane de Salamine (IVe s.) fournissent certains renseignements, ainsi que sur les naassènes, autres «sectateurs du serpent». Bien que les ophites aient été chrétiens, leur réinterprétation des doctrines fondamentales du christianisme dans le cadre de leur dualisme radical les a fait considérer comme hérétiques. D’après leur cosmogonie, les éons (puissances) régnant sur les sphères qui entourent la Terre auraient été engendrés à partir du principe ineffable de la Lumière. Lorsque l’éon Ialdabaoth (nom donné par les gnostiques à Yahvé, le Dieu de l’Ancien Testament) affirma orgueilleusement que lui seul était Dieu, l’éon Sophia (Sagesse) créa l’homme en espérant que Ialdabaoth oublierait son pouvoir au moment où il insufflerait l’esprit de vie dans l’homme. Toutefois, lorsqu’elle vit qu’Ialdabaoth n’avait pas perdu son pouvoir, Sophia décida de communiquer la gnose à Adam et Ève par l’intermédiaire du serpent. Retournant les valeurs de la Bible, les ophites (du grec ophis , serpent) regardaient le serpent comme leur principe pneumatique ou spirituel, parce qu’il avait donné à l’homme la connaissance secrète et lui avait appris que son esprit était dérivé, à l’origine, du Dieu inconnu. La tâche du vrai gnostique était de fuir sa prison terrestre et de monter au dernier ciel pour y trouver l’union avec la Lumière suprême.Pour accomplir ce voyage céleste, les ophites employaient des formules et des symboles magiques capables de vaincre les démons adverses qui régnaient sur les régions intermédiaires entre la Terre et le Ciel. Ils n’admettaient personne dans leurs rangs qui n’eût auparavant jeté l’anathème contre l’homme Jésus; ils croyaient, en effet, à un Christ spirituel qui avait enseigné, comme le serpent, la gnose du salut.Eux-mêmes «sectateurs du serpent», les naassènes (de l’hébreu na ムash , serpent) étaient étroitement apparentés aux ophites. Ils utilisaient le texte gnostique de l’Évangile de Thomas , qui était censé rapporter une collection de paroles secrètes de Jésus, et insistaient comme les ophites sur l’existence spirituelle du Christ, qu’ils appelaient le Vivant. Un ascétisme extrême les poussait à condamner toutes les réalités terrestres comme ennemies de la nature véritable de l’homme. Les naassènes se servaient de termes apparentés au langage des religions à mystères pour décrire l’odyssée de l’esprit du gnostique à partir des «petits mystères» de l’existence charnelle jusqu’aux «grands mystères» de l’ascension au dernier ciel. Comme les ophites, ils fondaient leur doctrine sur une réinterprétation allégorique et dualiste de certains passages bibliques.
Encyclopédie Universelle. 2012.